Qui crée la monnaie ?

Contrairement à ce que l’on croit souvent, les instituts d’émission (BCE, Réserve fédérale américaine et toutes les autres Banques centrales), seuls habilités à imprimer des billets et à frapper des pièces, ne sont à l’origine que d’environ 10% des liquidités en circulation. Pour l’essentiel, ce sont en effet les banques commerciales, comme la BNP ou le CIC, qui créent la monnaie.

Comment font-elles ?

Elles accordent des crédits à leurs clients, voilà tout ! Certes, pour pouvoir le faire, elles doivent posséder en réserve les sommes qu’elles prêtent — et même un peu plus, afin de faire face aux retraits. Pour 100 euros déposés dans leurs caisses, elles ne peuvent ainsi offrir qu’un crédit d’environ 80 euros à un particulier, une entreprise, ou à l’Etat. Mais ce faisant, elles créent bel et bien de la monnaie. La preuve ? Les 100 euros de dépôt existent toujours, puisque leur possesseur peut en jouir à sa guise. Et les 80 autres existent aussi, leur emprunteur les a peut-être déjà dépensés le temps que nous écrivions ces lignes. La banque les a donc fabriqués de toutes pièces. Juste retour des choses, lorsqu’on les lui remboursera, ils seront automatiquement détruits.
On le voit, la monnaie n’est pas une masse stable, un gros tas d’argent réparti entre les agents économiques, comme on l’imagine intuitivement. C’est une somme de liquidités mouvante, qui gonfle et se rétracte en permanence, en fonction des crédits offerts. Les choses vont d’ailleurs plus vite qu’on ne le pense. Imaginons à nouveau qu’un client A dépose 100 euros sur son compte et que l’établissement s’en serve pour accorder un prêt de 80 euros à un client B. Quelle que soit la façon dont il sera dépensé, cet argent va atterrir lui aussi sur un compte bancaire. Il pourra donc servir à son tour de réserve pour l’octroi d’un nouveau crédit, d’environ 60 euros cette fois, et ainsi de suite. Au total, à partir d’un dépôt de 100 euros, les banques dans leur ensemble peuvent fabriquer plus de 200 euros de nouvelles liquidités. Les spécialistes appellent cela le multiplicateur de crédit.

Qu’est-ce que la monnaie ?

C’est un instrument de paiement reconnu par les Etats, les ménages et les entreprises. Pendant des millénaires, on s’est contenté d’utiliser des matériaux précieux pour régler ses achats (pièces d’or ou d’argent, sel et même coquillages). Mais à partir du milieu du XVIIe siècle, les orfèvres londoniens, à qui les riches marchands confiaient leur or, ont commencé à émettre des certificats de dépôt. Et leurs possesseurs se sont rendu compte qu’il était beaucoup plus facile de payer et de se faire payer avec ces bouts de papier (en qui tout le monde avait confiance) qu’avec des pièces métalliques. La monnaie fiduciaire était née.
Aujourd’hui les choses ont bien changé : 90% des échanges se font par de simples jeux d’écritures (chèque) ou par des mouvements électroniques (carte bancaire, virements). Mais le principe – la confiance – est toujours le même. A suivre...

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